• Introduction

         Montesquieu (1689-1755) est philosophe, moraliste et écrivain français. Il doit sa célébrité à l'une de ses œuvres : Les Lettres persanes publiées en 1721. Les Lettres persanes est un roman épistolaire. Cette correspondance a été créée afin d'obliger le lecteur français à regarder d'un œil neuf son propre mode de vie, sa culture, ses institutions ses dirigeants. Nous allons aujourd'hui étudier l'une de ces lettres : la lettre 37. Cette lettre fut écrite en 1713 par Usbek à Ibben. Usbek parle du roi et de ses incohérences.



    I - Une correspondance fictive

    A- Indices épistolaires

    Mise en page (date, lieu, émetteur, récepteur)
    Enonciation (je/vous)
    Temps utilisés (temps du discours : présent, passé composé)

    B- La fiction orientale

    Invention d'un calendrier
    Noms choisis à consonance perse " Smyrne " ; " Ibben " ; " Usbek "
    Comparaison du régime français à leur " sultan " ; " politique orientale "

    C- Le double destinataire

    Le 1er est Ibben (le fictif)
    Le 2ème est le lecteur français du 18ème siècle, car le vrai auteur n'est pas Usbek mais Montesquieu qui vise à faire voir d'un autre œil la société française.


    II - Le jeu des contradictions

    A- Les différentes formes de contradiction

    Il y a les contraires formulées par des antithèses. Les termes sont opposés. CITER
    Il y a les contraires formulées par de simples phrases. Les idées sont opposées à la logique populaire.

    B- L'incohérence d'un comportement

    La 1ère phrase est : " le roi de France est vieux ", or, le contenu ne parle pas de la vieillesse du roi. Pour autant, il existe un lien entre ces deux éléments : en effet, l'incohérence des actions du roi est liée à sa vieillesse.


    III - Un portrait critique

    A- Les vices du pouvoir

    Les incohérences du roi sont graves car il a beaucoup de pouvoir, mais il n'est visiblement pas capable d'avoir autant de responsabilité. Il mélange tous les domaines (état, cour, famille). Il gouverne donc selon ses caprices, son bon vouloir.

    B- Un éloge ironique

    C'est un éloge :
    Termes mélioratifs " magnifique ", " génie ", " inépuisables ".
    Hyperboles suspectes " inépuisables "

    Il est ironique.
    Antiphrase employée.
    Louis XIV dépense beaucoup ce qui entraîne la ruine comme à Versailles :
    " il y a plus de statues dans les jardins de son palais que de citoyens dans une grande ville." : Usbek paraît impressionné lors qu'en fait cela signifie que Louis XIV ne gouverne plus que ses statues.

    " Sa famille, sa cour, son état ". Cette juxtaposition montre non pas que c'est un talent de savoir gouverner tous ces domaines de la même façon, mais en fait que le roi mélange tous les domaines.


    Conclusion

    On voit donc l'habileté de Montesquieu qui joue de sa fiction de correspondance pour faire dire innocemment à un Persan que le comportement du roi de France est aberrant et aborder par là une réflexion sur l'exercice de son pouvoir. On peut donc se demander quel est l'intérêt pour l'auteur de publier ce roman un fois que le roi Louis XIV est mort ?

    votre commentaire
  • Introduction     Œuvre gigantesque entreprise pas Jean d’Alembert et Denis Diderot, l’Encyclopédie se présente comme un dictionnaire des connaissances du XVIIIème siècle. Mais elle a également une portée politique et critique, par certains articles sur la monarchie absolue, la pensée dominante et l’organisation sociale.
        L'article Autorité Politique va assurer la transition entre L'Esprit des lois (1748) et Le Contrat social de Rousseau. Les uns ont trouvé son article très peu timoré et les autres subversif.



    1° axe : L'idée fondamentale de Diderot

        Aucun pouvoir ne saurait être légitime s'il ne provient de l'abandon librement consenti de tout ou partie de la liberté attachée à la nature humaine.

    a) L'accession à la liberté : la raison (l.3)

        Dès que l'homme est adulte, capable de se gouverner lui-même à l'appui de cette assertion : l'autorité paternelle " la seule qui soit naturelle " mais cesse dès qu'elle n'est plus exercée par un père dans le cadre strictement familial.
        L'autorité vient de la nature (paternelle) ou de la force "force, violence, emparé, tyran, joug" ou du "consentement" (trois occurrences)
        La 2ème est régit par la loi du plus fort.
        La 3ème est limitée par la Rép et doit être utile à la société et avantageuse pour tous.

     Elle instaure un ordre de subordination.

    • ne se laisse pas impressionner par le cérémonial de l'accueil
    • fins observateurs
    • ont su livrer le résultat de leur observation ( 10 et après)
    • ont du bon sens (roi :enfant)
    Conclusion partielle : Pour Diderot, le tyran est celui qui tient son autorité de la force, alors que le prince a un pouvoir légitimé par le consentement du peuple et respecte un contrat avec celui-ci. Cette autorité ne doit agir que par raison et avec mesure (ligne 32).



    2° axe : Une argumentation rigoureuse

        Diderot ne pense pas à la révolution mais plutôt à une évolution : "quelque fois, change de nature, devenant alors prince cesse d'être tyran".
        Cependant, la 1ère phrase a une tonalité péremptoire (catégorique). Implicitement, Diderot remet en cause la monarchie de droit divin (implicite car censure des Jésuites).
        Diderot bénéficie de la caution de Dieu pour récurer l'église.
        L'argument est repris au paragraphe 4 et utilisé pour justifier le seul type de soumission que Diderot reconnaît.
        C'est parce que l'homme ne s'appartient pas qu'il ne peut pas appartenir à un autre homme : l'homme appartient à Dieu, " maître aussi jaloux qu'absolu ".
        Diderot légitime l'autorité par consentement en passant par Dieu. L'accord par lequel " les hommes établissent entre eux un ordre de subordination, obéissent à l'un d'eux " est la seule soumission que Diderot ne qualifie pas d'un crime d'idolâtrie. La caution religieuse appuie de nouveau l'habileté de l'argument.
        De nombreux connecteurs logiques (mais, en sorte que, donc, car, afin que, parce que, ainsi, alors) sont la marque de la rigueur de la pensée de Diderot. D'autre part, l'auteur ne marque absolument pas sa présence dans le système d'énonciation, utilise le pronom indéfini " on ", qui traduit la distance de l'auteur par rapport à son propos, son souci d'objectivité et le " on " invite le lecteur à vérifier ce qui est dit.


    Conclusion

        Autorité politique est un article de L'Encyclopédie qui définit l'autorité mais qui est aussi une critique de la monarchie absolue de droits divins. Le postulat de Diderot est que l'autorité n'est pas naturelle. Il existe deux sortes d'autorité : celle qui émane de la force et celle qui émane du consentement. C'est à cette dernière que Diderot donne le plus d'importance de manière à critiquer la monarchie française de l'époque. Cet article est construit très rigoureusement.
        Cette critique du pouvoir est également faite dans Lettres Persanes de Montesquieu.



    votre commentaire
  • Voila une lecture analytique (un plan) qui manque à beaucoup de personnes apparement.


    Plan du cours:

    I-Une querelle
    II-Les renseignements fournis
    III- L'art du portrait
    IV- Le mouvement 

    Une autre organisation du plan + intro 

    Intro:

    Molière est un auteur de théâtre français du XVIIème siècle. Durant sa carrière de dramaturge il a écrit principalement des comédies. En effet il veut appliquer la "devise" "Castigat ridendo mores" (corriger les moeurs en riant). Le Tartuffe, une de ses comédies en 5actes a été joué pour la première fois au chateau de Versailles en 1664, il raconte l'histoire d'Orgon, un personnage assez important tombé sous la coupe de Tartuffe, un hypocrite et faux-devot. La scène d'exposition ouvre la pièce sur le départ de Madame Pernelle la mère d'Orgon.

    =>Problématique
    =>Plan

    I- Une scène d'exposition

    a)La querelle: un "classique" dans la comédie
    b) Une ouverture ambigüe: le départ de madame Pernelle
    c)Présentation des personnages

    II-Annonce de l'intrigue

    a) Un climat tendu à cause de la sortie
    b)Une première approche de Tartuffe

    III-L'hyperthéâtralité: une ouverture comique

    a)Répartition dynamique de la parole
    b)Le ridicule de Madame Pernelle (paroles, gestuelles...)

    Conclusion





    1 commentaire
  • En quoi cette fable constitue-t-elle un apologue?

     ou
    Quelle est la force argumentative de ce texte?


    Intro:

    Vers 1650, la France a connu la Fronde, une révolte populaire des Parisiens mécontents des abus du pouvoir royal. Quelques années plus tard, devant les exigences financières croissantes du nouveau ministre Colbert, certains personnages du royaume s'inquiétaient d'une nouvelle révolte. C'est vers cette époque que La Fontaine a écrit cette fable, qui semble soutenir le roi.

    I) Une fable à la structure complexe

    1) Plan de la fable

    v.1 à 4 : intro + intervention du fabuliste

    v.5 à 20 : le récit

    v.21 à 23 : la morale que les membres du corps pourraient tirer de leur rébellion

    v.24 à 32 : la fable se comprendrait comme une allégorie du Royaume de France

    v.33 à 44 : un exemple historique, celui de Ménénius donne l’origine du récit et en prouve l’efficacité

    ó trois niveaux de lecture : le corps humain (l’allégorie), le royaume de France (l’interprétation), la cité de Rome (l’exemple historique)

    2) Mise en parallèle des trois niveaux de récit (voir tableau -->

    Télécharger « mod_article1319308_3.rtf »  ) 


    *L’élément détenteur du pouvoir et la perception qu’en donne la fable

    *L’élément gouverné et la perception qu’en donne la fable

    *Le sujet de récrimination et ce qui ramène l’élément gouverné sous l’autorité en place

     

    II) Une morale à la gloire de l’ordre établi, de la hiérarchie ?

    1) Une fable qui a toutes les apparences d’un acte de soumission au roi

    -Récit à trois niveaux a une force persuasive conséquente. Entremêle une fable à un exemple historique pour valider un éloge du pouvoir royal.

    -Les v.1 et 2. Acte de révérence au roi. Aveu d’un manque de respect puisqu’il aurait dû commencer par la fable qui soit à la gloire du roi (commence en fait le livre III par « Le meunier, son fils et l’âne »).

    2) Un texte miné

    On connaît l’hostilité de Louis XIV pour La Fontaine auquel il reproche sa trop grande liberté d’esprit et ses positions anti-colbertistes. Depuis 1657, La Fontaine avait Fouquet (surintendant des finances du Royaume) comme Mécène. Or en 1661, Fouquet tombe en disgrâce et il est arrêté pour détournement de fonds publics. La Fontaine lui reste fidèle et prend sa défense malgré l’acharnement de Colbert. Une telle attitude ne pourrait donc s’allier à un texte dans lequel La Fontaine ferait l’apologie du roi. Il faut donc chercher ce qui dans la fable constitue un second degré.

    -Le texte par lui-même : la clé se situe en fait au début de la fable. La Fontaine écrit v.3 « A la voir [la royauté] d’un certain côté ». cela signifie que s’il existe « un côté » par lequel on peut voir la royauté comme un organe essentiel, il existe aussi « un autre côté » par lequel on peut la voir différemment ! Dans un état de pouvoir absolu, là se limite la liberté : pas de critique directe envisageable, il faut effectuer une lecture et une interprétation de simples sous-entendus.

    Notons ensuite par le tableau établi (2) quelques faits intéressants : La Fontaine n’hésite pas à détailler les torts qui sont faits au gouvernement romain mais n’en fait aucun à l’encontre du roi. Pourtant, si l’on applique la comparaison induite par celle de l’estomac, il faut donner au pouvoir royal les mêmes qualificatifs déplaisants (v.35-38). La subtilité du texte, c’est que cette critique n’est jamais frontale.

    ? Par ailleurs, si le corps dépérit pour n’avoir pas nourri Messer Gaster, le peuple de Rome de son côté n’a rien perdu en rejetant le pouvoir du Sénat. Il n’a fait que retourner à « son devoir » v.44. C’est un acte de soumission consécutif aux paroles séduisantes d’un orateur. Pour autant les paroles de Ménénius étaient-elles vraies ? Rien ne le dit. Dans ce cas, faut-il croire les paroles du fabuliste qui prétend lui aussi faire l’apologie d’un pouvoir que rien ne justifie ?

    Enfin, si nous sommes attentifs au texte, nous relevons v.24 « grandeur Royale ». Il s’agit ici d’être vigilant, car ce n’est pas la même chose que « le roi ».

    -Les abords du texte

    Dans le livre III des Fables, on trouve après « Les membres et l’estomac », « le loup devenu berger » puis tout de suite après « les grenouilles qui demandent un roi ». Que raconte cette fable ? Un peuple de grenouilles qui vivait en démocratie demande au ciel un pouvoir monarchique. On leur donne d’abord un soliveau (un morceau de bois) mais comme elles le trouvent trop tranquille et se plaignent, on leur donne une grue qui les dévore. Et Jupin « le Monarque des dieux » leur conseille de s’en contenter si elle ne veulent pas avoir encore pire. Ce n’est tjrs pas un texte en faveur des rois.

     

    Conclusion:

    -Fable qui en réalité constitue une critique détournée très habile. La structure complexe de récit enchâssé permet à La Fontaine de développer un texte à double sens.

    -C’est la seule critique possible face à un pouvoir absolu aussi rigide que celui de Louis XIV. A partir de  Louis XV (1715), cette rigueur de la censure se fissure et peu à peu ; les penseurs vont oser affronter le pouvoir en place. Cela aboutira à la chute de la royauté à la fin du siècle.

     

     

     

     


    2 commentaires
  • Introduction

         La Fontaine a écrit deux recueils de fables qui sont divisés en livres. Le premier a été publié en 1668, c’est une dédicace au Dauphin et le deuxième en 1678. La fable prête à l’animal les qualités et les défauts de l’homme et le monde animal crée par La Fontaine est la représentation de la société du 17ème siècle. Cela lui permet d’éviter la censure. La Fontaine peint l’homme de façon pessimiste et critique le roi et sa cour. Ici, il s’agit de Les Animaux malade de la peste. C’est une fable issue du deuxième recueil du livre 7.

    Axes de lecture


    Etude :

    I - Une fable habilement menée

               1.Une Fable qui rappelle les récits mythologiques

    ·  Récit
    ·  « Un mal qui répand la terreur » : allusion à Œdipe de Sophocle (mauvais comportement des Hommes qui entraîne des châtiments avec la nécessité d’une victime expiatoire)
    ·  Idée du destin
    ·  Début récit mythologique puis scène de théâtre, justice et enfin morale

               2. Variété, diversité

    ·  Versification (rimes embrassées qui lient les vers et longueurs irrégulières), accélération
    ·  Alternance récit / discours
    ·  Polyphonie
    ·  Différentes tonalités (ironie, tragédie)

               3. Des animaux qui évoquent des Hommes / La mise en scène et les acteurs

    ·  Les personnages ont des caractères personnels identifiables (vocabulaire adapté : renard contraste élogieux / dépréciatif, âne franchise)
    ·  Contraste foule / certains animaux précis


    II - Une scène critique de la justice et du pouvoir

               1. Le pouvoir : le roi et les courtisans

    ·  Personnages : lion brutale et injuste
    ·  Utilisation de modélisateurs / de verbes d’actions qui expriment la brutalité (« dévorer »)
    ·  Nombre de vers consacrés au Roi important
    ·  Courtisans : rhétorique, pouvoir de la parole, figure de style, énonciation (pas à la première personne)
    ·  Certains ne font pas de confession : le renard

               2. La justice

    ·  Vocabulaire de la justice
    ·  Scène représentant le tribunal (défilé à la barre des animaux)
    ·  Solennité de la scène : vocabulaire hyperbolique, scène grandiose
    ·  Rôle du loup : sorte d’avocat général
    ·  Utilisation du vocabulaire religieux : « expier », « péché »
    ·  Justice qui ne juge pas le crime mais le rang (moral)
    ·  Injustice soulignée contrastée par accumulation crimes de sang / crime de l’âne
    ·  Voix du conteur : « peccadille » (car le loup dirait « crime abominable ») qui souligne l’ironie permettant de dénoncer l’injustice


    Conclusion

         Dans la fable Les Animaux malade de la peste, La Fontaine met en place des personnages types qui correspondent chacun à des individus ou des groupes sociaux. Ces personnages sont ancrés dans la réalité de son temps mais leurs attitudes restent universelles. Le dénouement est triste. Il permet d’insister sur l’hypocrisie et sur une justice contrôlée par les puissants. Il décrit un comportement humain.

    2 commentaires