• Le Roman

    Le roman et les personnages

    Le roman est un genre littéraire qui se caractérise par sa grande liberté et sa capacité d'adaptation. Œuvre de fiction, ce récit en prose, de longueur variable, peut aborder des sujets très différents à travers des constructions et des styles tout aussi divers. Qu'il le revendique ou non, le roman, sans être forcément un « miroir », tisse des rapports étroits et complexes avec notre société. Le ou les personnages présentés expriment une vision de l'homme et du monde. Comment un roman s'échafaude-t-il ? Comment se construit un personnage romanesque ? Quelles sont les fonctions du roman ?


    1. Quelles sont les différentes modalités de la narration ?

    Le roman est un récit. Il faut distinguer l'histoire (ce qui est raconté) de la narration (la manière dont on raconte cette histoire). Il existe en effet bien des manières de relater la même histoire.
    Le narrateur
    Celui qui raconte l'histoire, le narrateur – à ne pas confondre avec l'auteur ! – peut être présent dans l'histoire comme témoin ou personnage actif. Il s'exprime alors à la première personne du singulier et peut commenter librement les événements, donner son point de vue. Le narrateur peut également être extérieur à l'histoire, celle-ci étant racontée à la troisième personne du singulier, comme si elle s'écrivait toute seule. C'est le mode de narration le plus fréquent, que l'on retrouve en particulier dans les romans balzaciens, et qui n'empêche pas certains commentaires.
    Il arrive parfois qu'il y ait plusieurs narrateurs dans un même roman (chacun donne sa version de l'histoire, par exemple dans le roman épistolaire) ou qu'un récit soit enchâssé : le narrateur premier laisse la parole à un narrateur second qui raconte à son tour une histoire.
    Le point de vue
    Lorsque le récit est raconté à la troisième personne, il est possible que le point de vue adopté varie (on peut parler de point de vue ou de focalisation).
    Lorsque les événements sont présentés à travers le regard d'un personnage et que le lecteur partage les sentiments de celui-ci, il s'agit du point de vue interne (ou focalisation interne). À l'inverse, si le personnage est présenté uniquement de l'extérieur et que nous ignorons ses sentiments ou ses pensées, cela correspond au point de vue externe (ou focalisation externe). Enfin, lorsque le lecteur a l'impression de pouvoir tout savoir des personnages, sans se limiter à la perception d'un personnage, on parle de point de vue omniscient (ou focalisation zéro).
    Le traitement du temps
    La narration s'effectue au présent ou aux temps du passé, en fonction de la position du narrateur par rapport aux événements. La narration peut particulièrement jouer sur le rythme du récit et sur l'ordre des événements racontés.
    Le narrateur peut tantôt accélérer, tantôt ralentir son récit. Il s'agit de variations significatives qui permettent de suggérer ou de mettre en valeur des éléments importants. Lorsque le récit raconte brièvement un épisode et le résume, cela correspond à un sommaire. Si le temps réel (vécu) semble coïncider avec le temps romanesque, il s'agit d'une scène. Lorsque le récit s'arrête, par exemple dans le cas de la description, on parle de pause. Enfin, il arrive qu'un événement ou toute une période soient passés sous silence : il y a alors ellipse.
    Enfin, le narrateur ne respecte pas toujours l'ordre chronologique. Il peut anticiper sur la suite des événements par le biais de la prolepse (figure de rhétorique par laquelle on réfute par avance un objet), ou au contraire faire un retour en arrière en ayant recours à l'analepse (figure de rhétorique qui consiste à faire le récit d'une action appartenant au passé).


    2. Comment un personnage se construit-il ?

    Le personnage romanesque est un être fictif, doté d'une identité, d'une famille, d'un entourage social. Il peut être présenté par le biais de descriptions qui dressent de lui un portrait physique et/ou moral, mais se définit aussi à travers ses paroles qui révèlent tant sa personnalité que sa culture et son milieu social.
    La manière dont le personnage s'exprime dans le roman est particulièrement significative. Les paroles peuvent être rapportées telles quelles au discours direct. Le narrateur peut aussi les intégrer clairement à son récit lorsqu'il les transcrit au discours indirect. Enfin, ces paroles peuvent être rapportées au discours indirect libre : le glissement du récit du narrateur aux propos du personnage devient alors presque imperceptible. Le discours indirect libre produit un effet très naturel et permet souvent au narrateur de prendre une distance ironique par rapport à son personnage.
    C'est autour du héros que se construit l'intrigue du roman. Les autres personnages peuvent se définir en fonction de leurs rapports avec lui : opposants ou adjuvants. Que ce personnage soit un héros ou un antihéros (personnage médiocre et banal), le romancier exprime à travers lui une certaine vision de l'homme et du monde. Ainsi, le roman médiéval présente ainsi des héros relativement stéréotypés incarnant des valeurs essentielles. En revanche, les romans réalistes du XIXe siècle, tout en individualisant leurs héros, font d'eux des êtres représentatifs de leur milieu social. Enfin, les romans du XXe siècle remettent souvent en question la notion figée de personnage, reflétant ainsi la complexité du monde moderne.

    3. Quelles sont les fonctions du roman ?

    Même si l'établissement de catégories pour ce qui concerne le rom an a quelque chose d'assez artificiel, on peut distinguer différents grands types de romans en fonction des buts et des effets recherchés par l'auteur.
    Certains romans privilégient avant tout l'intrigue et l'action, et cherchent par-là à divertir le lecteur, à lui permettre de s'évader. C'est le cas des romans policiers ou d'aventures, mais aussi des romans historiques. Ces derniers toutefois s'attachent évidemment à recréer une période historique, et prennent parfois la forme du roman-feuilleton, publié par épisodes (par exemple les romans d'Alexandre Dumas, très en vogue au XIXe siècle).
    D'autres romans se recentrent sur le personnage pour privilégier l'analyse de ses ressorts psychologiques et de ses sentiments (par exemple La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette), ou pour en montrer l'évolution dans sa confrontation avec la société, tout au long d'un parcours initiatique, comme c'est le cas dans les romans picaresques ou dans les romans d'éducation (par exemple Le Rouge et le Noir de Stendhal).
    Enfin, il existe également des romans qui mettent l'accent sur la société représentée au cours du récit. C'est notamment le cas des romans réalistes ou naturalistes qui tentent de décrire avec précision une époque et des catégories sociales (par exemple Balzac ou Zola), mais aussi des romans satiriques, des romans philosophiques à thèse. Ces derniers veulent provoquer une réflexion, voire une réaction, chez le lecteur et offrent souvent une critique de la société.
    Il convient toutefois de garder à l'esprit que bon nombre de romans résistent à une telle classification et peuvent réunir différents traits. Ainsi, Le Rouge et le Noir est à la fois un roman d'apprentissage et une « chronique de 1830 ».

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