• Corrigé du Bac ES : le sujet de Français

    Le sujet de Français :

    Objet d'étude : 
    L’argumentation : convaincre, persuader et délibérer 

    Le sujet comprend : 
    Texte A - Fénelon, Les Aventures de Télémaque (1699), Septième livre 
    Texte B - Montesquieu, Lettres persanes (1721), Lettre XI
    Texte C - Voltaire, Candide (1759), chapitre XXX

    ÉCRITURE 

    I – Après avoir lu attentivement les textes du corpus, vous répondrez d'abord à la question suivante (4 points) : 
    Ces textes cherchent-ils seulement à nous dépayser ou ont-ils une autre visée ? Votre réponse se fondera sur quelques exemples précis. Elle devra être organisée et synthétique. 

    II – Vous traiterez ensuite, au choix, l’un des sujets suivants (16 points) : 
    1. Commentaire 
    Vous commenterez le texte de Fénelon (texte A). 

    2. Dissertation 
    En quoi l’évocation d’un monde très éloigné du sien permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l’entoure ? 
    Vous développerez votre argumentation en vous appuyant sur les textes du corpus, les œuvres que vous avez étudiées en classe et celles que vous avez lues. 

    3. Invention 
    Vous avez séjourné en Bétique. Déçu, vous décidez de partir. Ecrivez le discours d’adieu que vous prononcez devant les habitants.

    Le corrigé de Français, Bac ES :

    QUESTION
    Ces textes cherchent-ils seulement à nous dépayser ou ont-ils une autre visée ? Votre réponse se fondera sur quelques exemples précis. Elle devra être organisée et synthétique.

    Méthode :
    Après une courte introduction qui présente les textes, il est efficace de faire deux paragraphes : l’un discutant le dépaysement, l’autre se penchant sur l’autre visée de ces textes.
    Il fallait garder en mémoire l’objet d’étude concerné : « l’argumentation : convaincre, persuader et délibérer » afin de trouver facilement « l’autre visée ». Il s’agit évidemment d’une visée argumentative : ces textes essaient de nous convaincre !

    Pistes pour le dépaysement :
    - Textes A et B sont des « utopies » (des lieux qui n’existent pas) : la Bétique, les Troglodytes
    A opposer au texte C où l’on trouve des références réalistes « Constantinople », « oriental », « Turc ». Il est opportun de préciser, si vous le saviez, que Candide comporte également des utopies (l’Eldorado par exemple).
    - Il fallait ensuite montrer que même dans les textes utopiques on retrouve des références à un réel possible (le but des utopies étant de montrer une vision idéalisée de la société) : « La terre », « Les chemins », « Les montagnes » (texte A), la nature, les temples et troupeaux (texte B). On peut donc aisément se les imaginer car ils ressemblent à notre monde d’un point de vue du cadre de vie. Seules la morale, la philosophie et le style de vie y sont différents.

    Pistes pour la visée argumentative :
    - Présence de questions rhétoriques qui visent à convaincre le destinataire (texte A)
    - Des critiques implicites : le texte A est une critique indirecte de la société de consommation, le texte B de l’individualisme.
    - Un retour aux valeurs perdues : texte A (se recentrer sur l’essentiel), texte B (une société qui vit en osmose avec la Nature, terre nourricière, et qui partage, éloge de l’Autre), texte C (le culte du travail). 
    Il fallait veiller à citer des passages précis qui illustrent ces idées et, si possible, à analyser les citations.

     

    COMMENTAIRE

    I) UN CADRE SURPRENANT : LA BEOTIQUE
    Le lecteur est dépaysé car le texte bouscule ses références communes et ses valeurs. Pourtant certains éléments réalistes lui permettent de s’imaginer aisément l’histoire.
    - Ancrage réaliste
    - Eléments extraordinaires qui signalent que nous ne sommes pas dans le monde réel


    II) UNE DESCRIPTION ELOGIEUSE

    - Une utopie : un monde qui n’existe pas mais qui ressemble au monde réel. Le but de l’auteur est de tenter de prouver, par la fiction, qu’un monde meilleur est possible (= tentative de persuasion : appel à l’imaginaire et aux bons sentiments du lecteur)
    - Une description élogieuse de la Bétique : accumulations, champ lexical de l’abondance, modalisateurs qui signalent la perfection (« qui est toujours serein »), balancements positifs « vie simple et frugale » (le « et » a une valeur de « mais » ici).


    III) UNE CRITIQUE DU MONDE REEL
    Sous l’éloge du pays extraordinaire, il faut percevoir la critique indirecte de notre monde !

    - Une critique explicite à la fin par le biais des questions rhétoriques, la négation « aucun » / « aucune » qui oppose ce monde au monde où nous vivons. Cette critique est mise en valeur par le connecteur adversatif « Au contraire » qui tend à prouver que le mode de vie actuel (en dehors de la Bétique) est néfaste (les adjectifs péjoratifs s’enchaînent : « lâche », « jaloux », « noire envie », …).
    - Une critique implicite tout au long du texte : l’éloge de la Bétique cache une critique du monde contemporain (sous-entendue). Expl : « Ils n’estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l’homme » : l’insistance (restriction « que » + « véritablement ») suggère que c’est une façon particulière de faire.


    DISSERTATION

    En quoi l’évocation d’un monde très éloigné du sien permet-elle de faire réfléchir le lecteur sur la réalité qui l’entoure ?
    Vous développerez votre argumentation en vous appuyant sur les textes du corpus, les œuvres que vous avez étudiées en classe et celles que vous avez lues.
    Méthode : le sujet convie à réfléchir sur l’intérêt de la fiction comme détour pour réfléchir à notre condition. L’expression « un monde très éloigné » renvoie à la fois aux utopies (mondes inventés) et aux mondes réels éloignés (par le temps et l’espace).

    Proposition de plan :

    I) LE MONDE ELOIGNE COMME MODELE A SUIVRE

    - Le monde imaginaire puisqu’il est imaginé peut être parfait. La création d’utopies permet de forger des modèles de sociétés idéales auxquelles on peut se référer.
    - Les pays existants mais éloignés dans le temps ou/et dans l’espace ont toujours été l’objet de fantasmes plus ou moins vrais. Cela a donné lieu à des clichés, par exemple, le goût pour l’orientalisme (Candide, romans du XIXe, …). La société orientale est perçue comme positive par les occidentaux seulement parce que son mode de vie diffère du modèle occidental.
    - Le détour par la fiction, le récit imaginaire est plus plaisant pour le lecteur qui se laissera plus facilement persuadé que par un article purement argumentatif. Plaisir de l’histoire et des descriptions merveilleuses.


    II) LE MONDE ELOIGNE EST UN SUBTERFUGE POUR CRITIQUER LE MONDE ACTUEL

    - La création d’un monde utopique résulte de la conviction que le monde dans lequel on vit n’est pas satisfaisant
    - Il faut donc voir, sous l’éloge du monde utopique, la critique implicite de notre monde.


    III) LE DISCOURS OU LE REGARD DE L ETRANGER
    Finalement, ce qui est primordial n’est pas que le monde soit éloigné mais qu’un regard ou un discours étranger vienne poser un œil neuf sur nos us et coutumes. 
    Expl : Montesquieu, dans ses Lettres persanes, utilise le regard de deux persans sur Paris car ils sont les seuls à poser un regard objectif sur un pays qu’ils ne connaissent pas. Ils sont donc le relai de l’ironie de l’auteur : leur regard naïf permet de critiquer sans qu’un reproche puisse leur être fait. Si leur description est absurde est négative, c’est forcément la France qui est ainsi. Ce dispositif permet, en outre, de contourner la censure.

    Remarque : un plan en 2 parties est tout à fait acceptable !


    INVENTION
    Vous avez séjourné en Bétique. Déçu, vous décidez de partir ? Ecrivez le discours d’adieu que vous prononcez devant les habitants.

    Méthode : ce sujet fait appel à un genre bien particulier : le discours. Il ne fallait donc pas oublier les marques d’oralité puisque qu’il est destiné à être « prononcé » comme le sujet l’indique. Il fallait également penser à la visée argumentative de votre discours : vous tentez de convaincre les habitants par des arguments et des exemples précis (que vous pouviez récupérer en grande partie dans le corpus).
    Ce qu’il fallait éviter : un discours trop « écrit ». Il fallait absolument apporter une impression d’oral.

    Les contraintes que nécessitait la forme du discours :
    - Marques d’oralité (interruptions, exclamations, « Eh bien », « Ah ! » …)
    - Marques de subjectivité : Je, modalisateurs, vocabulaire péjoratif
    - Enonciation : guillemets (début/fin) qui signalent une prise de parole.
    - Argumentation : thèse, arguments, exemples précis qui montrent que vous savez utiliser le corpus.


     

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